Déjà vus
LeThéâtre du Châtelet (L-R-21-4095...
Présenté par le Théâtre du Châtelet L-R-21-4095 L-R-21-4060 L-R-21-4059)
L’ANNONCE FAITE À MARIE
PHILIPPE LEROUX
RAPHAÈLE FLEURY
D’APRÈS LA PIÈCE DE PAUL CLAUDEL
Opéra de Philippe Leroux
Livret Raphaèle Fleury
Direction musicale Ariane Matiakh
Mise en scène Célie Pauthe
Costumes Anaïs Romand
Lumière et adaptation des décors Sébastien Michaud
Dramaturgie Denis Loubaton
Vidéo François Weber
Réalisation électronique (Ircam)
Carlo Laurenzi, Violaine Vercors, Raphaële Kennedy, Mara Vercors; Sophia Burgos, Élisabeth Vercors Els Janssens-Vanmunster, Anne Vercors, Marc Scoffoni, Jacques Hury, Charles Rice Pierre de Craon, Vincent Bouchot
Orchestre Ensemble intercontemporain
Langue : français
Surtitres : français et anglais
« Jacques Hury Et vous ne niez point que cet homme ne vous ait eue et possédée? Violaine Je ne nie rien, Jacques. »
Paul Claudel, L’Annonce faite à Marie: version définitive pour la scène, éd., prés. et annot. Michel Autrand, Paris, Gallimard, « Folio. Théâtre », 2011, acte III, scène 3, p. 117.
Résumer L’Annonce faite à Marie serait à la fois vain et dérisoire, car, pendant plus d’un demi-siècle, Paul Claudel a vécu avec ses propres personnages qu’il finit par désigner – dans un entretien au journal La Croix, en 1948 – comme « une poignée de locataires mécontents qui peuplent le sous-sol de [sa] conscience et ne [lui] laissent pas de repos. » Et, dès 1912, après plusieurs années d’écriture à la table de son atelier, l’auteur décrit déjà son œuvre comme « un opéra de parole », dans une lettre qu’il adresse à Lugné-Poe. L’Annonce faite à Marie est donc plus qu’un récit de miracle, plus qu’une histoire d’amour et plus qu’une étude de mœurs: si elle questionne à la fois les contradictions intimes de l’auteur, des personnages et des spectateurs, elle interroge aussi l’amoralité, car Paul Claudel aura démontré qu’être chrétien ne suffit pas pour être bon, dans un texte exaltant qui ne saurait laisser quiconque indifférent.
Par la musique autant que par la mise en scène, Philippe Leroux et Célie Pauthe ont remis l’auteur au cœur de ses écrits. Quand l’une joue sur les codes de l’enluminure médiévale en resituant le décor de l’opéra dans un univers qui mêle les sablonnières du Tardenois à l’atelier de l’écrivain, l’autre joue sur les voix en mêlant celle de Paul Claudel, synthétisée et diffusée par haut-parleur, à celles des chanteurs sur scène grâce à une partition qui rend au texte toute sa dimension autobiographique. L’Annonce faite à Marie est un « opéra de chambre » composé pour six voix et un ensemble de musique mixte où les musiciens de l’Ensemble intercontemporain sont accompagnés par l’électronique. Et ici encore, Paul Claudel n’est jamais loin : sa calligraphie a servi à générer le rythme et l’harmonie. Pour autant, et parce que le compositeur est aussi un amateur d’opéra, la musique vocale est, à chaque instant, au service de l’intelligibilité du texte.